"La lettre du Monarque déchu" #DPDP

C'est alors que le Monarque déchu décida un certain matin de printemps naissant d'user de son "droit de réponse" comme d'autres usaient de leur droit de cuissage...Il prit pour cela sa plus belle plume et se servit d'une encre un peu saumâtre mais qui une fois couchée sur le papier aux armes du Monarque avec un blason et tout le cérémonial donnait une impression très jolie en relief aux caractères et pattes de mouches insignifiantes et il faut bien appeler "un chat, un chat" presque "ordinaires" de son Altesse royale...Parfois un trait appuyé tel une rature trahissait l'état d'esprit fébrile de l'écrivain de sang royal...Sa longue missive commençait ainsi: "ce que je veux dire à mes sujets..." puis le phrasé s'emportait un peu comme dans un grand discours de Monarque régnant bien qu'il fut déchu, malgré que le Monarque eut précisé en préambule de sa lettre "j'écrirai et je refuse de m'adresser à mon peuple en discourant, car la parole s'en va et les écrits restent!" C'était bien cela le problème! Les écrits du Monarque déchu à son peuple étaient d'un ennui mortifère, pêle-mêle y étaient égrenés ses états d'âmes sur les misères et vicissitudes que lui faisait subir l'Empereur régnant de toutes les ambitions et divisions bassement recuites et rances, mais aussi ses réflexions philosophiques empruntes d'un sentimentalisme à l'eau de rose bénite.C'était même à se demander si un jour le Monarque déchu avait régné tant ses écrits étaient imprégnés de pleurnicheries et de bouderies aigries.Les commentaires qui circulèrent bientôt dans toutes les auberges de France et de Navarre furent terribles: le Monarque déchu était un homme normal et ennuyeux, un peu gâteux déjà , au phrasé redondant presque illisible et touffu, avec un penchant pour les complications du subjonctif et usant du participe présent faute de mieux...Les pairs de France qui soutenaient le Monarque et l'avaient même accompagné dans sa chute commencèrent à s'en détourner et prenaient un air gêné et même ennuyé à l'idée de devoir être associés de près ou de loin à la déchéance "en litterature" du Monarque au verbiage brumeux et à la plume prodigieusement ampoulée.L'Empereur régnant eût cette phrase à propos du Monarque déchu: "Ce qui se conçoit clairement s'énonce clairement avec un porte-voix en haut des douves et ne s'écrit pas avec une plume à l'encre trouble, encore moins avec une plume de paon!"...À suivre donc ...